Pesticides : le gouvernement refuse d’interdire un herbicide contesté
Le ministre de l’Agriculture a annoncé qu’il demandera à l’Anses de revenir sur la procédure d’interdiction du S-métolachlore, un herbicide qui pollue les nappes phréatiques.
Le ministre Marc Fesneau a affirmé devant les agriculteurs et représentants du syndicat qu’il ne serait pas le ministre qui abandonnerait des décisions stratégiques pour notre souveraineté alimentaire à la seule appréciation d’une agence.
La science n’a pas vocation à décider de tout, tout le temps, en dehors du champ européen et sans jamais penser aux conséquences pour nos filières, a-t-il ajouté.
L’Anses avait annoncé sa volonté d’interdire les principaux usages du S-métolachlore, un herbicide agricole très utilisé en France, dont les dérivés chimiques ont été détectés au-delà des limites autorisées dans des nappes phréatiques, mais le ministre se met à la main du pouvoir économique, d’après le député socialiste Dominique Potier, qui dénonce une « déclaration extrêmement grave » remettant en cause une loi de 2014 qui prévoit que les ministères fassent confiance à l’Anses pour abandonner leurs prérogatives.
L’Agence européenne des produits chimiques a classé le S-métolachlore comme substance cancérigène suspectée en juin dernier, et semble s’orienter vers une interdiction, selon l’ONG Générations Futures.
L’Anses n’a pas encore rendu sa décision définitive sur l’herbicide et n’a pas souhaité faire de commentaire sur les propos du ministre.